En janvier 2021, le COVID les empêchant de se retrouver dans leur salle habituelle, les membres de la section généalogie de notre association d’histoire essonnienne se retrouvaient dans une salle virtuelle afin de continuer à apprendre. C’est alors que je leur ai proposé un défi pour les six mois à venir. Il s’agissait d’apprendre à aller au-delà de l’état civil, de découvrir de nouveaux fonds d’archives, d’écrire la biographie d’un ancêtre et de le présenter au groupe avant l’été.

Voilà donc notre programme. Pour ce projet, j’éditais une vidéo chaque mois que j’envoyais aux membres une semaine avant de les retrouver en visio. Ensemble, nous allions alors plus loin dans les méthodes de recherche. Par un souci d’unité et de facilité à suivre ces étapes, j’ai choisi un de mes ancêtre que nous retrouvions mois après mois. Pierre COLOMBIER est mon sosa 30. Il est né en 1848 donc l’année où Louis-Napoléon arrive au pouvoir (#généathème de juin). Voilà sa fiche sur Geneanet. Je pourrais vous raconter toute la vie de Pierre mais j’ai choisi l’année de la chute de l’Empire pour coller au thème du mois. Pierre a eu 20 ans en 1868 et il était soldat en 1870-71.

Dans l’Hérault, l’accès en ligne des registres est possible à partir de la classe 1867. Il y a deux registres pour la circonscription de Béziers: le registre de conscription du régiment et le registre de la réserve.
Pierre n’est pas dans le premier mais dans le deuxième. Je trouve son nom dans la liste alphabétique de tous les appelés avec leur numéro d’ordre. Pierre a le numéro 731.

AD 34 – 1R 889 Béziers 1868 vue 89/240

Pierre est tonnelier et habite Béziers. Il a les sourcils et les cheveux châtains foncés, les yeux châtains, le front découvert, un nez petit, une bouche moyenne, un menton à fossette et un visage ovale. Il n’a pas de marque particulière. Il mesure 1m63. Il sait lire et écrire. Il habite Béziers, 2ème canton, au 3 boulevard de la gare. Pierre est incorporé dans l’infanterie, 1er bataillon, 3ème compagnie, numéro 731 (barré) puis 1453. Il fait des périodes d’entraînements (plusieurs dates) et passe dans l’armée territoriale le 30/06/1878, 121ème régiment d’infanterie. Il est libéré définitivement en juillet 1894 (46 ans). Plus loin, on peut lire: Campagne contre l’Allemagne: du 25/08/1870 au 23/03/1871 dans le 1er bataillon des gardes mobiles avec le 45ème régiment. En faisant une recherche sur Gallica, je trouve alors un ouvrage intitulé: La Garde mobile de l’Hérault au siège de Paris : impressions et souvenirs d’un chef de corps / par M. le baron De Montvaillant. Grâce à celui-ci, je peux suivre le régiment de mon ancêtre jour après jour.

Les trois bataillons mobiles de l’Hérault sont donc emmenés par le lieutenant-colonel de Montvailland qui est le chef du 45ème régiment. Les bataillons de l’Hérault sont formés le 25 août. Les 3600 hommes partent en train pour Paris. Les soldats devront parfaire leur instruction dans une place forte assiégée (Paris). Le trajet vers Paris n’est pas direct (voir la carte ici):

Google Maps

Le bataillon de Béziers se met en route le 14 septembre. Ils passent par Givors et le Bourbonnais. Ils s’entraînent dans les gares tout au long du chemin à tirer sur l’ennemi. A Corbeil, ils doivent faire volte-face car les Allemands sont là. Ils passent donc par Nevers, Bourges, Vierzon, Orléans et puis retour vers Tours, Le Mans, Chartres et enfin Versailles afin d’entrer dans Paris le 18 septembre. Les jeunes hommes doivent encore apprendre le métier. Dans Paris, les 3 bataillons sont éparpillés. Le premier est à Passy avec le deuxième. Ils sont logés chez l’habitant. Leurs fusils sont un modèle 1846 transformé mais ils reçoivent maintenant des chassepots. Les blouses bleues sont remplacées par des vareuses en molleton en attente des capotes grises.

Le départ au combat: Le 20 octobre, les trois bataillons se dirigent vers Rosny pour relever les trois bataillons des Côtes du Nord. Les hommes sont contents d’être sortis de Paris. Le 1er bataillon loge sous la tente en avant de Tillemont. De là, ils observent la plaine jusqu’à Neuilly-sur-Marne. Malheureusement, il pleut pendant des jours et les hommes qui doivent encore parfaire leur instruction militaire, se retrouvent complètement trempés. Il faut faire reculer l’ennemi pour se mettre au sec dans les villages occupés car les tentes sont elles aussi toutes trempées. Le 1er décembre, il n’y a aucune action importante de prévu. Les soldats sont de très bonne humeur. Ils arrivent en train à Saint-Maur pour un séjour de 2 mois dans la boucle de la Marne entre Champigny et Créteil. Le 2 décembre a lieu une attaque impétueuse des Prussiens. Les Français reculent. C’est la bataille de Champigny.

Le 29 janvier, alors que l’Armistice vient d’être déclarée, toutes les troupes rentrent à Paris. Les Gardes de l’Hérault n’ont pas de logement. Ils campent d’abord pendant 48 heures puis ils sont hébergés chez l’habitant et reçoivent enfin des nouvelles de la famille. Ils remettent eux-mêmes leurs armes à l’ennemi.

Du 11 au 15 mars, par suite de la promesse non tenue de rentrer, il y a une mutinerie puis c’est la résignation. Enfin, la garde mobile de l’Hérault peut rentrer au pays. Les soldats (2500 hommes) partent à pied à Orléans. Il fait un temps horrible entre Arpajon et Etampes. Ils atteignent Orléans le 19 mars. Le 21 mars, ils prennent le train et le 23, ils peuvent enfin rejoindre leurs chefs-lieux puis leur foyer. Ils n’auront donc rien vu de la Commune.

Ce n’est pas vraiment un chef-d’oeuvre audiovisuel, mais si vous avez envie de voir tout cela dans ma vidéo de 11 minutes, RDV ici.

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