Marie VIDAL (épouse FERLUS) était la grand-mère paternelle de ma grand-mère Jeanne. Elle est née à Béziers mais ses parents étaient tous les deux originaires du Tarn qui devient donc un nouveau département de recherches pour moi.
Contexte historique
Marie VIDAL a vécu pendant la deuxième moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe. Elle aura vécu la guerre franco-prussienne en 1870/71 lorsqu’elle était enfant ainsi que la chute de l’Empire, l’industrialisation de la France, en particulier le développement économique de la ville de Béziers mais aussi les deux guerres mondiales.
Ascendance et fratrie
Les parents de Marie sont originaires du Tarn. Son père, Jacques VIDAL, est né le 3 avril 1823 au Vintrou, un tout petit village de 400 habitants (aujourd’hui, il en reste à peine 80), non loin de Mazamet. La famille VIDAL est propriétaire au Mariech, un hameau du Vintrou.
Sa mère, Jeanne ALBERT, est née le 16 décembre 1832 à Castelnau-de-Brassac, un village de 4500 habitants (800 aujourd’hui). Elle est la fille d’un tisserand. Les deux villages sont éloignés de 20 km l’un de l’autre mais c’est une région montagneuse (Monts de Lacaune). A pied, on mettait près de 4h30 pour aller de l’un à l’autre.
Jacques et Jeanne se marient à Béziers. Je ne sais pas s’il se sont rencontrés dans le Tarn et sont partis ensemble pour Béziers ou s’ils sont venus s’installer à Béziers chacun de leur côté et qu’ils se sont rencontrés dans un groupe de Tarnais exilés à Béziers. Ce genre de groupe régional était fréquent à cette époque.
C’est donc à Béziers (à 90 km de leur village de naissance) que Jacques et Marie s’unissent le premier mars 1854. La mère de Jacques est décédée en 1841 mais son père fait le déplacement et assiste au mariage de son fils. Les parents de Jeanne ne sont pas présents. Jeanne présente leur consentement écrit, signé devant notaire. Jacques est alors scieur de long, Jeanne est sans profession. Que faisait-elle donc seule à Béziers?
Un an après leur mariage né un premier enfant Jacques qui décède 2 ans plus tard.
Naissance et enfance de Marie
Trois ans plus tard, le 24 janvier 1860 nait Marie VIDAL, le deuxième enfant du couple. Son père a 37 ans, sa mère 28. Alors que la famille vivait encore au 23 place du cirque trois ans auparavant, elle habite à cette date au faubourg du pont, route Impériale, maison Gayet. Certainement sur l’actuelle D612B, avenue Henri Galinier.
Marie est fille unique. Il semblerait qu’elle n’aille pas à l’école dans son enfance. Lorsqu’elle a 11 ans, son père décède (il avait 48 ans). Il meurt à son domicile (14 rue Cordier). Etait-il malade ou s’était-il blessé en pratiquant son métier ? Jeanne se retrouve veuve à 39 ans. Elle ne remariera pas. Marie grandit donc uniquement avec sa mère.
Son mari Etienne FERLUS
Etienne est le deuxième fils de François Noël FERLUS (voir ici). Il a 6 ans de plus que Marie. Il est fruitier. Son père était « jardinier » donc marchand de fruits et légumes. Je pense que « fruitier » est en fait le même métier et qu’il a dû l’apprendre avec son père. Son grand frère François est « représentant de commerce ». C’est donc toute une famille de commerçants. Marie a surement rencontré Etienne aux Halles de Béziers car ils y travaillaient tous les deux. Lui, vendeur de fruits et elle vendeuse de volailles et lapins.
Le mariage
A sa naissance, Etienne se nomme FARLUS. Depuis quelques générations, il y a, sur certains actes d’état civil, une faute dans l’orthographe du nom de famille. Ceci est surement dû à la prononciation du nom dans le sud. Etienne ne fera rectifier son nom par le tribunal d’instance de Béziers qu’en 1895. Le nom du couple est donc officiellement FARLUS au moment de leur mariage.
Marie VIDAL et Etienne FARLUS/FERLUS se marient le 19 avril 1879. Marie a 19 ans. Les parents d’Etienne sont présents tous les deux (François Noël assiste de justesse au mariage de son fils, il décède 3 mois plus tard) ainsi la mère de Marie (veuve depuis des années). Les fiancés habitent chacun chez leurs parents respectifs. Marie et Etienne ne passent pas de contrat de mariage devant notaire. Les témoins sont Victor BAUDRAN, carrier, 28 ans ; Isidore BENNES, serrurier, 31 ans ; François GUINOT, plâtrier, 26 ans et Jean PLANES, plâtrier, 29 ans. Les quatre témoins signent l’acte de mariage avec Etienne et l’officier d’état civil. Les parents et Marie elle-même ne signent pas. Il semblerait donc que Marie ne sache pas écrire, mais je pense qu’elle sait compter : elle est marchande !
Vie commune
Neuf mois et demi plus tard, Marie accouche d’un garçon qui se prénomme François dans la plus pure tradition familiale. Malheureusement, son mari Etienne meurt alors que le petit François a à peine 18 mois. Marie se retrouve veuve à 21 ans avec un bébé.
Vie de mère et grand-mère
En 1883, soit 2 ans plus tard, un nouveau malheur s’abat sur Marie. Sa mère, Jeanne ALBERT, meurt à 51 ans. Elle s’installe alors avec Annote, sa belle-mère, elle-même veuve de François Noël, au 10 rue des sœurs grises (rue Saint Félix). Je pense que François, son beau-frère, vécut à cette même adresse avec sa femme Noëlie pendant quelques années car c’est le domicile indiqué à son décès en 1917.
Annote décède en 1901 à 70 ans. Un an plus tard, François, le fils de Marie, épouse Jeanne COLOMBIER.
François Ferlus et Jeanne Colombier au début du XXe siècle |
Marie peut à présent profiter de ses petits-enfants qui naissent entre 1906 et 1917 : Anne, Jeanne, Etienne et France. Marie habite chez son fils et sa belle-fille au 19 rue Paul Riquet. Elle est « marchande de salaisons » (son propre patron). La famille vit ensuite au 9 rue du chapeau rouge. Malheureusement, une de ses petites-filles (France) et son fils François meurent à 2 mois d’intervalles de la grippe espagnole en 1918. Le sort s’abat sur cette famille. Marie aide alors Jeanne COLOMBIER à élever ses trois enfants dans la maison au 4 rue d’en Vedel à côté de la librairie.
Elle aura la chance de voir naitre ses arrière-petits-enfants. Elle décède le 27 mai 1948 à Béziers à l’âge de 88 ans. A cette date, elle se trouve au 17 rue Viennet, une toute petite rue à 200m des Halles. Avait-elle à nouveau déménagé? Avec qui vivait-elle?
Questions ouvertes
- Marie a-t-elle eu beaucoup de contacts avec ses grands-parents dans le Tarn ?
- A-t-elle aussi travaillé à la librairie ?
- Les nombreux déménagements des parents de Marie et d’elle-même après son mariage. Pourquoi autant d’adresses différentes dans une même ville?
- A la campagne, la plupart des veuves se remarient rapidement. ici, les femmes semblent prendre une autre voie. Elles travaillent en ville et élèvent leurs enfants seules ou avec d’autres femmes de la famille. Etait-ce courant en ville?
- Rectification du nom FERLUS à quelle occasion? (pas de mariage ou de naissance à cette date)
- Marie était sa propre patronne aux Halles. Son commerce était-il florissant?